Arrêtons de chercher un sens à notre travail, donnons du sens à notre vie
Luna est une jeune femme de 35 ans qui traverse une tempête.
Elle est embourbée dans une crise existentielle.
Depuis quelque temps, elle se lève avec la boule au ventre - un sentiment d’anxiété mêlé de résignation.
Elle a l’impression qu’elle est à la mauvaise place, que sa vie ne ressemble en rien à ce dont elle rêvait.
Chaque jour, elle se sent un peu plus dissociée de qui elle est réellement, ou du moins de qui elle voudrait être.
Pourtant, sur le papier (et les réseaux) - elle affiche le parfait combo de la working boss.
Indépendante - engagée et performante.
Comment peut-il y avoir un aussi grand décalage entre son image sociale et son ressenti ?
Luna est victime de la nouvelle injonction contemporaine destructrice : la quête de sens au travail.
Avant de vous conter le pourquoi du moment, quelques flashbacks conceptuels s’imposent.
Qu’est-ce que le sens?
Différents courants psychologiques, philosophiques et spirituels ont essayé de décrire à quoi ressemblait une vie qui a du sens.
Si je résume de façon très très grossière, voici les apports des disciplines que j’ai étudiées.
La philosophie
- L’eudémonisme postule que la recherche du bonheur constitue le sens de la vie.
Ses tenants ont cherché à montrer que seule la vie vertueuse au sens du mot “ARETE” permettait d’atteindre le bonheur.
Le mot “ARETE” est très difficile à traduire avec un seul mot. Il embrasse à la fois la recherche d’excellence, de dépassement de soi et d’harmonie.
Pour les partisans de cette école philosophique, on donne du sens à sa vie en mettant en pratique 5 vertus
- le courage,
- la tempérance,
- la sagesse,
- la piété,
- la justice.
Signification pour Luna : si tu veux être heureuse, ravale ta salive - coupe les choux en quatre et accepte de faire la vaisselle avant de déguster ton quinoa.
- L'hédonisme s'oppose à cette conception du sens
A la même époque, au sein de la Grèce Antique des philosophes n’étaient pas du tout d’accord avec cette conception du sens.
Ce qui est étonnant (ou pas) ? Ils ont fondé un courant opposé : l'hédonisme.
Pour ses partisans - le sens de la vie consiste à chercher le plaisir et à rejeter la souffrance.
Signification pour Luna : tant que tu as ta CB platinium, une Patek et du homard - tu vivras ta meilleure vie.
Ces 2 visions diamétralement opposées ont profondément influencé la culture européenne.
Entre-temps d’autres courants ont émergé, notamment l’existentialisme.
- Les existentialistes pensent que la vie n’a pas de sens.
Sartre et Beauvoir soutiennent que nos vies sont le fruit du hasard et des contingences.
Pour eux, c’est libérateur car nous pouvons choisir nos réactions à ces hasards et créer le sens de notre vie.
Certains existentialistes comme Nietzsche postulent que seuls les esprits libres, les surhommes, peuvent se détacher de la morale, créer leur référentiel et décider de leur vie.
Signification pour Luna : tant que tu auras le courage de choisir ta vie, tu seras heureuse.
La religion
- Pour les catholiques, seule la foi donne du sens à la vie
Elle a repris l’idée de vertu présente dans l’eudémonisme mais l'a adaptée au récit religieux.
Aussi, une vie remplie de sens est une vie où l’Homme se rapproche de Dieu.
Cela implique d’aimer son prochain, de ne pas nuire aux autres, d’utiliser ses dons pour faire le bien.
Ce faisant, on peut accéder au paradis éternel … après notre mort !
Signification pour Luna : tant que tu pardonneras et que tu aimeras ton prochain sur Terre, tu vivras heureuse au ciel.
- Pour les bouddhistes, la vie se définit par la souffrance.
Donner un sens à sa vie, c’est accepter la souffrance et accepter qu’une grande partie de nos actions soient guidées par des lois qui nous dépassent pour réaliser un plan d’incarnation global.
Signification pour Luna : tant que tu accepteras d'accueillir ta souffrance et de soigner ton karma, tu seras heureuse.
La psychologie
- Freud prétend que l’homme ne peut pas survivre sans le travail et l’amour.
Pour lui, ce sont les deux seules activités qui apportent du sens.
Signification pour Luna : trouve un travail et un partenaire sexuel qui canalise tes pulsions hystériques.
- Victor Frankl précise les choses
Le psychiatre emprisonné dans les camps de concentration a observé que seules 3 activités pouvaient donner du sens à la vie d’homme : mener des projets, s’occuper d’autrui ou transcender une souffrance.
Signification pour Luna : choisis ton combat.
- Martin Seligman et les tenants de la psychologie positive plaide en faveur de l'épanouissement
Ils ont remarqué que les gens les plus heureux étaient ceux qui menaient une vie épanouissante.
Ils en concluent que pour nous épanouir nous devons trouver les activités qui nous permettent d’exprimer au mieux nos talents, nos compétences et d’expérimenter un état de flow.
Pour rappel, le flow c’est quand on est tellement absorbé par une tâche qu’on en oublie le monde autour.
Signification pour Luna : trouve un travail qui te permet de devenir la meilleure version de toi-même.
Les choses ont commencé à sentir mauvais à ce moment-là. Nous verrons pourquoi ultérieurement.
L’Histoire
- Pour Marx, le sens de l’histoire se dirige vers l’émancipation des individus.
Selon lui, la Révolution et la lutte des classes menée par la classe ouvrière éveillera les consciences sur les systèmes d’exploitation.
Le but ?
Aboutir à une société égalitaire basée sur la coopération, la solidarité et la liberté pour tous.
Signification pour Luna : intègre un collectif qui défend tes intérêts et bats-toi pour l’ émancipation
- Pour Fukuyama, le sens de l’histoire se dirige vers l’adoption généralisée de la démocratie et du capitalisme.
Cette théorie a été sérieusement ébranlée par la montée en puissance de nouveaux conflits (cf. Ukraine) et la contestation de plus en plus forte du capitalisme (cf. écologie).
Signification pour Luna : sois heureuse de vivre dans une démocratie qui t’ouvre au plaisir le plus subtil : consommer.
Au final, Luna une femme de 35 ans se retrouve noyée par les injonctions contradictoires et ne sait plus quoi faire de sa vie :
- Un nouveau livre de développement personnel ou un gourou autoritaire pourra-t-il l’aider ?
- Doit-elle en conclure que la vie est un sacré bordel qui n’a ni queue ni tête ?
C’est un pas que je ne franchirais pas.
En quoi donner un sens à sa vie est important ?
Malgré les divergences, tous les courants cités s’accordent sur une chose : l’importance de donner un sens à sa vie.
C’est un besoin essentiel pour l’être humain au même titre que s’alimenter.
Le sens permet de :
Se sentir à sa juste place
Mener une existence qui a du sens permet de se sentir utile, d'avoir une place dans la société et de contribuer.
Le sens apporte la légitimation et la reconnaissance sociale.
C’est très difficile psychologiquement de se lever en se disant qu’on naît, qu’on meurt et qu’entre les deux notre vie ne sert à rien.
Réaliser que nous n’avons aucune contribution voire pire que nos actions nuisent aux autres et à la vie peut être assez déprimant et démotivant.
A ce niveau, Luna qui a une agence de communication et travaille pour des entreprises aux pratiques pas très durables culpabilise de contribuer à promouvoir la lessive qui lave plus blanc que blanc.
Maintenir un ordre social
Le sens est indispensable au maintien d’un ordre social.
C’est flagrant quand on voyage.
J’ai constaté avec surprise que très peu de gens vont contester le système de castes en Inde.
Pourtant, de notre point de vue, il parait extrêmement inégalitaire.
Pour rappel, les castes sont des rôles sociaux attribués aux individus dès la naissance.
Certains naissent “braman” et ont accès aux meilleurs emplois et aux honneurs, d’autres naissent “intouchables” et sont condamnés à effectuer des emplois sous-qualifiés et à être méprisés toute leur vie.
En Inde cette situation est très bien acceptée car le sens de la vie dépend des Dieux qui choisissent les incarnations - une “meilleure” réincarnation nous sera accessible si on prend soin de son karma en acceptant sa condition et en menant des actions vertueuses.
Dans les pays occidentaux, le sens est aussi utilisé pour maintenir l’ordre social mais de façon plus subtile.
En théorie, il n’y a pas de barrière de naissance pour accéder à certains emplois et à certains statuts.
L'égalité des chances est le mythe dominant. Tout le monde doit avoir les mêmes chances de s’élever socialement et de choisir le sens de sa vie.
Dans les faits, la question du sens ne se pose que pour une certaine frange de la population, plus prospère économiquement comme Luna.
Le sens devient un nouveau marqueur de distinction sociale.
A ce niveau, Luna est bombardée de contenus qui disent qu’il est essentiel d’avoir un travail utile et travailler dans la RSE. Elle se sent un peu sale tout d’un coup de bosser pour les grosses industries traditionnelles.
Son parcours fait tache sur la nappe en dentelle dans les réunions d’anciens élèves.
S’intégrer dans une communauté
Enfin, le sens permet de s’intégrer dans une communauté en renforçant le sentiment d’appartenance.
Sans sentiment d’appartenance, il n’y a pas de liens sociaux - pas de nation, pas de projets communs.
C’est pourquoi l’homme a toujours des facilités à donner du sens à des entreprises qui n’en ont pas.
À ce niveau Luna se sent en décalage. Elle a l’impression d’appartenir à une communauté en voie d'extinction, celle qui accorde une place importante à l’éthique professionnelle, à la pensée nuancée et à la discrétion.
Quoi qu’il en soit, on voit que SENS est un élément indispensable pour agir et se réaliser en tant qu’être humain et que collectivité.
Pour autant, devons-nous miser sur notre travail pour donner un sens à notre vie ?
Le travail suffit-il à donner un sens à notre vie ?
Si le sens a toujours été au cœur des préoccupations humaines, nous vivons une époque particulière.
C’est la première fois dans l’histoire qu’on assimile le sens de sa vie à son activité rémunérée.
Cela n’est pas sans conséquence.
Assimiler le sens de sa vie à son activité rémunérée ne va pas de soi
À votre avis, qu’est-ce qui fait que ce n’est pas si évident que ça ?
Jusqu’à une époque récente, l’immense majorité des gens se fichait de savoir si leur travail avait un sens.
Ce n’était pas sa fonction première. Des gens comme ma grand-mère n'auraient jamais eu l’idée d’associer son identité ni même le sens de sa vie à son travail.
Mamie Rosi était une femme espagnole, une mère envahissante, une fervente catholique, une passionnée de couture, une provocatrice née …
Et une ouvrière heureuse d’être la première femme de sa famille à travailler mais qui vivait très bien sans. Elle ne détestait pas son travail.
Au contraire, elle aimait ce qu’il lui offrait : l’argent et le parfum de la liberté. Pour une femme qui avait fui la misère et Franco, c’était déjà bien assez.
À côté, elle avait sa vie, ses enfants, mon papi, les copains, l’Espagne, le jardinage, le tricot et tout ça ensemble donnaient du sens à sa vie.
Si Luna lui avait dit qu’elle cherchait un travail qui donne un sens à sa vie, elle l’aurait traîner à la messe en lui disant que seule la foi pouvait la sauver.
Pourtant, comme Luna, de plus en plus de personnes sont convaincues que trouver leur mission de vie et un travail qui a du sens va résoudre tous ces questionnements existentiels.
Selon une enquête menée par Audiencia, 4 actifs sur 10 envisagent de quitter leur emploi actuel au cours des 2 prochaines années pour un emploi qui aurait plus de sens et qui serait plus aligné à leurs valeurs personnelles !
Comment en est-on arrivé là ?
La victoire de la morale productiviste
Luna n’est pas arrivée à cette conclusion toute seule par hasard.
Ses questionnements sont liés au contexte culturel et à nos choix politiques.
Une multitude de facteurs explique que le travail ait pris une telle place dans nos vies :
- une pression économique accrue,
- une course incessante à la performance,
- l’adoption d’internet et de nouvelles technologies qui effacent la frontière entre le perso et le pro
- le délitement des liens sociaux et familiaux,
Tout cela fait que Luna se raccroche au travail rémunéré comme à la dernière bouée du Titanic.
Elle espère qu’il prouvera sa valeur sociale et donnera un sens à sa vie.
La récupération du sens par la sphère économique est l’aboutissement logique du productivisme.
Le productivisme prétend que produire et surtout que produire toujours plus est la meilleure façon de vivre.
Avant cette logique se cantonnait à la sphère marchande mais aujourd’hui nous sommes incités à ne jamais arrêter de produire.
Vous ne savez pas quoi faire ? Lancez des projets personnels, transformez vos loisirs en side-projet et hustle, ne vous laissez pas aller et optimisez les moindres parcelles de votre vie !
Une économie biberonnée à la croissance place le travail en haut de l’échelle morale sans quoi ses fondements s'effondrent comme un château de cartes.
Pour que le productivisme s’impose comme une morale, il a fallu inventer une fable.
Cette fable repose sur les éléments suivants :
- les individus ont tous les mêmes chances de s’enrichir et de s’élever,
- le travail permet aux plus méritants de s’enrichir et de s’élever,
- ceux qui s’élèvent et s’enrichissent le mérite car ils travaillent dur ou à défaut sont plus compétents et plus intelligents,
- ceux qui échouent sont bêtes, feignants ou ils ne veulent pas travailler donc ils méritent leur condition.
Morale de l’histoire pour la génération de femmes comme Luna :
“Si tu veux réussir ta vie, travaille dur, fais tes preuves avant de faire du bruit.”
Jusqu’à une époque récente, cette fable fonctionnait à merveille. Et puis, un jour, ce beau récit a commencé à s’effriter.
Workaholisme, quête de sens et culture anti-travail
La nouvelle génération a compris qu’il y avait une épine dans le potage.
Ils ont vu que le workaholisme de leurs parents ne les avait pas rendus plus heureux.
Ils ont compris qu’une grande partie des jobs en haut de l’échelle sociale menait au burnout, à la dépression et à la destruction du vivant.
Luna aussi ne compte plus l’absentéisme et les arrêts pour burnout dans son entourage.
Comme beaucoup de sa génération, elle en a conclu que le problème n’était pas le travail mais sa finalité.
Cela renforce son envie de donner du sens à son travail.
Elle reste persuadée que le travail est nécessaire à son épanouissement à condition qu’il soit utile à la société, qu’il ait un sens.
Le contraire ne s’accorderait pas avec la morale productiviste.
On ne va pas faire croire aux individus qu’on puisse être heureux sans être productif ou utile aux autres.
À côté, elle constate avec amertume que d’autres travailleurs, notamment les plus jeunes, ont lâché l’affaire. Ils se désengagent.
Sur les réseaux sociaux, ile revendiquent une culture de l’anti-travail où comment faire le minimum syndical avec zèle. Les vidéos où on les voit démissionner ou faire semblant de travailler créent le buzz.
Ces vidéos alimentent le fantasme d’une nouvelle génération qui ne voudrait pas travailler …
Ces vidéos alimentent aussi le mal-être de Luna car elle a l’impression de travailler dur et de ne pas profiter de la vie pendant que d’autres démissionnent pour lancer des projets de cœur ou se la joue en mode YOLO ( = you only live once)
Elle a dû mal à percevoir que la ruée vers la “quête de sens” et “culture anti-travail” sont 2 phénomènes amplifiés par les réseaux sociaux.
Dans son entourage, elle voit bien que très peu de gens peuvent se passer de travailler.
La raison est simple : pas de travail = pas de salaire = pas de consommation = pas de statut social = EXCLUSION.
De ce fait, la quête de sens au travail et la culture anti-travail sont 2 phénomènes très dangereux.
Donner un sens à sa vie en dehors des extrêmes
La bonne nouvelle c'est que si Luna arrive à se détacher des extrêmes, elle pourra donner un sens à sa vie.
Et elle n’aura même pas besoin de se transformer en mère Teresa ou faire pivoter son business pour se consacrer à la protection des licornes invisibles.
Les dangers du sens par le travail et de la culture anti-travail
Croire que le travail rémunéré donne un sens à notre vie est une chimère.
Pour plusieurs raisons :
- Le sens est une quête intérieure qui ne peut pas être définie par un statut ou une rémunération donc un travail.
Il n’est pas donné par l’extérieur mais il résulte de nos aspirations, réflexions et expérimentations.
J’ai accompagné une cliente qui travaillait dans le secteur médical donc son travail était utile et avait du sens pour les autres mais pas pour elle car elle ne pouvait pas exprimer sa créativité ni pratiquer la médecine selon ses idéaux.
C’est bien la preuve que le sens n’est pas une question de secteur ou d’utilité.
Luna peut travailler dans la com’ et trouver du sens à ce qu’elle fait !
Travailler dans la com’ et le marketing ce n’est pas si horrible.
- Le travail ne pourra jamais à lui seul donner un sens à une vie.
Si on demandait à Luna de choisir entre un travail qui a du sens ou son mari et sa famille - il y a de fortes chances pour qu’elle choisisse la deuxième option même si on lui proposait le travail le plus important de la terre.
- La quête absolue de sens renforce l’insatisfaction permanente et conduit à l’épuisement.
Paradoxalement les personnes qui ont une vie pleine de sens ne cherchent pas à donner du sens à leur vie à tout prix !
Elles sont reconnaissantes pour la vie qu’elles ont déjà et savent apprécier les bonheurs quotidiens.
C’est peut-être un axe de progression pour Luna : apprendre à savourer ce qu’elle a déjà accompli, elle est vivante, elle n’a plus rien à prouver.
Dans le même temps, développer un état d’esprit anti-travail n’est pas non plus la solution pour plusieurs raisons :
- La culture anti-travail repose sur une croyance bizarre qui voudrait que la vraie vie ait lieu en dehors du travail.
C’est quand même étonnant de penser que l’activité qui occupe 80% de nos vies éveillées ne soit qu’une parenthèse insignifiante et d’être à l’aise avec le principe de consacrer l’essentiel de ce temps à en faire le moins possible.
En se comportant comme un connard ou une connasse au boulot, on devient ce connard ou cette connasse dans la vie.
- Le travail permet d’exprimer et de découvrir ses talents et ses compétences.
Se contenter de faire le strict minimum c’est louper une occasion de s’enrichir intellectuellement et humainement.
Quelle fierté à tout faire pour en faire le moins possible sans que ça se voit ?
- Le travail n’est pas le vrai problème.
La culture anti-travail est le signe du manque d’espoir et la prise de conscience que le travail n’apporte ni la stabilité ni la sécurité.
C’est aussi le signe que l’ascenseur social n’est pas en panne - il n’existe plus.
Face à ce constat Luna doit-elle se morfondre ?
Non, il existe une alternative très enthousiasmante !
L’alternative : vivre et travailler en conscience
Cette alternative consiste à vivre et à travailler en conscience.
Dit autrement, il s’agit pour Luna et pour nous tous de remettre le travail en tant qu’activité rémunérée à sa juste place.
Ne pas l'idolatrer ni tout envoyer valser.
Ne pas trop lui en demander sans tomber dans le je-m’en-foutisme complet pour autant.
Pour arriver à parvenir à cette étape, la première chose à faire est de ne pas attacher son identité à son activité rémunérée.
Finito les conversations où on commence par dire “ Bonjour, Luna, Dirigeante d’une agence de com”.
De toute façon, avouons que c’était un peu bizarre.
A la place on préfère parler de soi, ce qui nous anime.
En ce qui concerne Luna la créativité et les beaux mots.
Ensuite, on n’attend pas absolument que des gens nous payent simplement parce qu’on suit nos passions ou qu’on s’est trouvé une mission de vie aussi noble soit-elle.
On attend que des gens nous payent pour
- proposer un service dont ils ont besoin,
- résoudre un problème qui les empêche de dormir,
- assouvir une envie, réaliser un rêve.
Enfin, même s’il y a des choses qu’on aime moins faire dans notre vie, on s'évertue de les faire avec grâce et amour.
Ce qui nous fait grandir en tant qu’individus ce n’est pas de danser quand le soleil est au rendez-vous c’est d’apprendre à danser sous la pluie.
Oui c’est plus exigeant et ce n’est pas toujours plaisant.
Bienvenue IRL comme dise les jeunes.
Quoi qu’il en soit, et si le meilleur moyen de donner un sens à sa vie était d’accepter inconditionnellement tout ce qui nous arrive sans tomber dans le positivisme ou le défaitisme ? Et si le meilleur moyen de donner un sens à sa vie était de prendre conscience que nous ne sommes pas obligés de suivre une voie tracée si elle ne nous correspond pas ?
Luna peut changer de métier, de clients, de modèle économique. Surtout, elle peut revoir sa conception du travail pour le ramener à sa juste place : un moyen de gagner dignement sa vie en utilisant son savoir-faire.
Tout cela ne sera sans doute pas facile mais elle peut y arriver.
Et nous aussi non ?