Comment savoir si l’entrepreneuriat est fait pour vous ?
On me demande souvent : comment savoir si l’entrepreneuriat est fait pour moi ?
Cette question me met mal à l’aise et je préfère de loin poser une autre question, plus nuancée et plus constructive.
Je vous la partage à la fin de l'article.
Quoi qu'il en soit, au début je n'osais pas dire le fond de ma pensée.
J’avais peur de paraître, comment dire, trop...brutale”
Et puis, je suis aussi passée par là.
Pendant longtemps j’ai cru que je n’avais pas les épaules pour entreprendre.
D’ailleurs, j’ai planté ma première boîte 4 mois à peine après l’avoir lancée !
A l’époque, je voulais faire du conseil en développement durable pour les PME.
Je me suis retrouvé à négocier avec des fonds d’investissement pour les aider à mettre au point de nouveaux critères d’investissement tenant compte de l’impact environnemental.
Les négociations se sont embourbées et j’ai jeté l’éponge au premier obstacle.
Je ne suis pas très fière.
La vérité est que je cherchais une excuse pour abandonner.
Tout ça pour montrer que j’avais raison : je n’étais pas une vraie entrepreneure.
Alors j’ai fait en sorte que mes actions confortent cette opinion.
C’est bien plus simple que d’admettre qu’on pourrait se tromper.
Voilà, mon premier lancement a été un fiasco.
Je me suis alors résignée à chercher un CDI et à rebâtir ma fierté ébranlée.
Le plus dur n’a pas été d’échouer.
Le plus dur c’était de me décevoir moi-même.
Je pensais que j’avais l’assurance et la confiance en moi nécessaires pour affronter les obstacles.
Au lieu de ça, je me suis dégonflée et je me suis précipitée à retravailler mon CV et à enchaîner les candidatures.
J’avais la trésorerie pour tenir 1 an.
J’ai lâché au bout de 4 mois et 3 “non”.
En parallèle, j’ai eu 4 propositions d’emploi.
J’ai choisi la facilité : l’option pas trop mal qui me permettait d’apprendre tout en me laissant assez de temps libre.
Vous comprenez mieux mon malaise quand on me demande : comment savoir si l’entrepreneuriat est fait pour moi?
Vérité n°1 : On ne peut pas savoir à l’avance
On ne sait jamais comment on va réagir face aux inévitables obstacles.
On ne sait jamais si l’idée géniale qu’on a en tête va rencontrer son marché.
Une fois qu’on quitte les portes du salariat, on se retrouve dans un monde où rien n’est acquis pour toujours.
Alors bien-sûr on peut réduire les risques.
Le marketing sert à ça : à vérifier en amont que notre idée répond bien à une demande.
Mais on ne peut en être certain qu’une fois que les clients paient effectivement pour ce que l’on propose.
Et après ça, on peut mettre en place des systèmes pour être plus efficace, amener de la récurrence ...
Mais rien n’est immuable.
Aucun entrepreneur ne peut dire avec certitude que son business actuel existera dans 3 - 5 ou 10 ans.
Et ce n’est pas le plus important.
Le plus important, c’est d’apprendre à accepter l’incertitude car on peut toujours la réduire mais jamais la supprimer.
Le plus important c’est d’embrasser ses émotions négatives, d’admettre que nos actions sont décevantes et de continuer à faire de son mieux.
Vérité n°2 : Mon expérience ne sert qu’à moi
Comment savoir si vous aimez le miel ?
Je peux vous décrire précisément la composition, le processus de fabrication et le goût du miel.
Mais toutes ces informations seront le fruit de ma propre expérience.
L'information ne compensera jamais l'expérience.
Le seul moyen d'acquérir la connaissance véritable est l'expérimentation.
Une expérimentation ne va pas avoir le même effet selon les personnes.
Certains vont adorer le miel, d'autres détester.
Et il faut les deux dans ce monde.
Pour savoir si l’entrepreneuriat est fait pour vous : goûter ce miel !
Vérité n°3 : Vous n’êtes pas obligé de sauter sans parachute
J’ai expérimenté les deux approches :
- tout quitter sans plan = partir sans savoir ce que j’allais faire.
- partir avec un plan = partir avec une offre, un portefeuille client et une trésorerie.
La deuxième option est plus adaptée à ma personnalité.
Si c’était à refaire je ferais exactement la même chose.
Commencer à vendre mes services et accumuler assez de trésorerie pour tenir quelques mois avant de tout quitter.
Cela m’a permis de valider mon offre mais surtout de gagner en confiance en moi.
Pour autant, le plan ne s’est pas du tout passé comme prévu.
J’ai changé d’itinéraire en cours de route et cela me va très bien.
Morale de l’histoire : si vous avez besoin de “sécurité” avant de vous lancer, commencez à préparer votre parachute en parallèle de votre job.
Aujourd’hui, si on me demande à nouveau : “Comment savoir si l’entrepreneuriat est fait pour moi ?”
Voici ce que je répondrais : “Honnêtement, ce n’est peut-être pas la question. La question c'est : qu’est-ce que tu cherches dans l’entrepreneuriat ? Qu’est-ce que tu es prêt à risquer pour cette quête ?"