Entrepreneuriat : refusons la tyrannie du projet unique !
J’ai envie de vous partager une réflexion sur la tyrannie du “One THING”.
Ce principe est très populaire dans l’entrepreneuriat. Il a été popularisé par Gary Keller, auteur du best-seller : The one thing - l’explication étonnamment simple des résultats extraordinaires.
Il voudrait que la réussite soit déterminée par la capacité à se focaliser sur une SEULE chose, un SEUL objectif et une SEULE activité.
Malheureusement, ce principe cause plus de mal que de bien.
Et je suis bien placé pour en parler puisque je me suis forcé à essayer de rentrer dans ce moule du projet unique et j’en ai tiré bien plus de frustration que d’avantages.
Depuis, j’ai choisi de revenir à ma véritable nature : développer plusieurs projets ( FREEDOM 💃)
Voici les inconvénients du “one thing” trop souvent passés sous silence.
1. Le projet unique maximise l'efficience au détriment de la résilience
Se concentrer sur un projet ou une compétence permet de maximiser son efficacité.
Par exemple, si je ne propose qu’un seul type de prestation, je peux potentiellement gagner du temps sur tous les process ( vente, production, facturation).
Et le marché du travail récompense encore l’hyper-spécialisation (à court terme) car elle rend plus visible et facilement identifiable.
L’inconvénient c’est que si cette hyper-spécialisation ne demande pas des compétences rares, il n’y a aucune barrière à l’entrée et donc une pression pour tirer les prix vers le bas.
Comme dans Alice aux pays des merveilles, on se retrouve à devoir courir de plus en plus vite pour arriver au même point. C’est ce que j’ai expérimenté sur le marché du ghostwriting LinkedIN où les prix sont tirés vers le bas.
Heureusement je ne proposais pas uniquement cette prestation et que je pouvais mettre en avant une expertise stratégique globale.
A l’échelle d’une entreprise c’est ce qui est arrivé à Polaroid. Dans les années 70, l'entreprise était très populaire et rentable en raison de sa spécialisation.
Mais avec l'arrivée de la photographie numérique dans les années 1990, la demande pour les appareils photo instantanés de Polaroid a chuté.
Au lieu de diversifier ses activités pour répondre aux besoins changeants du marché, Polaroid a continué à se concentrer uniquement sur les appareils photo instantanés et a fait faillite plusieurs fois (avant de renaître de ses cendres en… se diversifiant mais c’est une autre histoire).
2. Le projet unique augmente la pression
Demander à une seule activité de remplir tous nos objectifs : de revenus, de sens, d’intérêt intellectuel c’est mettre une pression énorme sur cette activité !
Or j’ai pu constater l’existence d’une loi intemporelle : la loi de l’effet inverse. Cette loi s’applique dans tous les domaines : l’entrepreneuriat, l’amour, la création…
En clair : plus on force pour obtenir quelque chose, moins on a de chances de l’obtenir.
Je n’ai pas trouvé d’explication scientifique à ce phénomène.
La romancière Elizabeth Gilbert dans son livre Eat, Pray & Love affirmait que ce qui lui a permis d’écrire un best-seller est de ne jamais dépendre de son écriture pour payer son loyer.
Elle a toujours eu un job “alimentaire” à côté pour pouvoir être libre de son art.
De nombreux entrepreneurs font aussi ce choix de disposer d’une activité qui génère suffisamment de revenus pour financer des projets plus risqués ou plus innovants sans ouvrir leur capital.
Cela paraît être une option intelligente de ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier que de risquer un infarctus.
3. Le projet unique n’est pas adapté à toutes les personnalités
Enfin, un projet unique n’est pas adapté à toutes les personnalités et à toutes les ambitions.
Le projet unique n’est pas forcément adapté si :
- on ne cherche pas la croissance à tout prix,
- la diversité des missions est importante pour nous,
- on a l’âme d’un explorateur.
Le projet unique est plus adapté à la posture du leader qu’à l’explorateur.
Le leader dit : “voici ma vérité, venez avec moi’. Il va développer des systèmes pour vendre sa vérité au plus grand nombre (Elon Musk). L’explorateur dit : ‘je ne sais pas, voici ce que j’ai testé”. Il va chercher à vivre des expériences qui lui semblent intéressantes. De ce fait, il est moins dans l'exploitation d'un actif.
Par ailleurs, la créativité naît justement de la capacité à faire des liens inattendus entre des expériences, des domaines et des secteurs différents.
Les innovateurs interviennent souvent dans plusieurs domaines différents :
Goethe était poète, romancier, dramaturge, naturaliste, philosophe, scientifique et politicien. Il est surtout connu pour son œuvre littéraire, mais a également laissé des contributions importantes dans les domaines de la botanique, de la physique et de l'optique.
Hypatie était philosophe, mathématicienne, astronome et enseignante grecque, Hypatie est connue pour avoir été l'une des premières femmes de l'histoire à avoir enseigné les mathématiques et la philosophie.
Bref, si vous avez l’âme d’un explorateur, un profil touche-à-tout et une curiosité débordante se limiter à un projet unique est la meilleure façon de finir en dépression.
Ceci étant dit, l’idée n’est pas de partir dans tous les sens et de disperser son énergie sans stratégie ni horizon. L’idée est de nourrir une dispersion créative et productive.
Nous verrons comment faire cela concrètement dans une prochaine édition. 😳