Mon processus créatif pour écrire de la fiction
Allons-y !
Je viens de terminer l’écriture de mon deuxième recueil de poèmes intitulé A cœur ouvert : affirmer et accepter sa sensibilité.
C’est le livre le plus éprouvant que j’ai jamais écrit et j’ai aussi l’impression que c’est le plus abouti d’un point de vue littéraire.
Écrire de la fiction est un exercice très différent de l’écriture de non-fiction.
Le processus est beaucoup plus chaotique et tortueux, moins logique, moins contrôlable - plus apprenant aussi.
J’ai l’impression d’avoir une meilleure conscience de ce qui m’anime et de ce qui me freine. Mais ça, je ne le savais pas quand j’ai commencé.
Voici mon processus créatif dans les moindres détails :
Étape 1. Une obsession incontrôlable
Tout a commencé par un problème personnel.
Quand je suis devenue copywriter, ghostwriter, coach par l’écriture… j’ai réalisé un truc assez douloureux pour mon ego : mon écriture était émotionnellement plate.
Ça sonnait très intelligent, techniquement c’était très bien, ça faisait souvent le job sur LinkedIN (visibilité + réaction). Toutefois, en me relisant, j’étais terriblement frustrée car je ne ressentais rien à part l’impression d’être encore dans ce masque de la “perfect girl” qui veut plaire à tout prix.
Je ne percevais pas de sensibilité.
Cela m’a particulièrement blessée car j’avais beaucoup investi pour améliorer ma technique d’écriture.
Or j’avais cette horrible sensation que plus j'améliorais ma technique d’écriture, plus je perdais mon âme. Plus je voulais copier ce qui marchait, plus je perdais le plaisir d’écrire et de créer.
Du coup, j’ai réalisé que ce “problème” était plus profond (aka mon rapport aux émotions).
Je vous passe les détails mais ouvrir mon cœur était devenue ma plus grosse obsession.
Je tournais en boucle sur le sujet alors même que les clients s’en fichaient royal tant que les contenus faisaient le job….
Bref, comme souvent, ce qui a ralenti mon business c’est moi-même.
Étape 2. Une mise à distance nécessaire et salvatrice
Je ne sais pas trop comment j’ai commencé à écrire des poèmes.
En y repensant, j’ai toujours utilisé la poésie et l’écriture automatique pour exprimer des émotions que je n’arrivais pas à verbaliser.
Spontanément j’écrivais mes poèmes à la deuxième personne ou troisième personne.
C’était certainement une façon inconsciente pour mon cerveau de se protéger.
L’écriture à la première personne était trop douloureuse.
Étape 3. Perdue dans mes blocages, noyés dans mes larmes
Pendant 8 mois environ, j’ai écrit des poèmes sur des carnets (#bordel) et l’application notes de mon téléphone. Entre deux appels boulot, dans le métro, dans mon lit, sur mon zafu …
Bref, j’ai écrit partout quand ça venait.
Le hic c’est que même en écrivant à la deuxième ou troisième personne ça me remuait pas mal. Je pleurais souvent, ce qui ralentissait tout mon processus d'écriture.
C’était très frustrant car la partie de moi gestionnaire à tendance control freak avait envie de tenir les délais et avait énormément de difficulté avec le fait de ne pas arriver à contrôler le processus !
Et puis est arrivé le moment où j’étais bloquée, incapable d’avancer…
Alors j’ai fini par lâcher ! Il y a eu de grands points de suspension, des semaines entières sans toucher le recueil. Je trouvais bien évidemment toutes les raisons du Monde pour ne pas m’y remettre : un nouveau contrat à honorer, un atelier à préparer, une formation à suivre…
Étape 4. S’ouvrir aux autres, finaliser les choix artistiques
J’ai parlé de ces blocages à plusieurs personnes de mon entourage dont mon groupe de responsabilité ( un groupe de créateurs avec qui j’échange toutes les semaines).
Cela m’a vraiment permis de retrouver l’élan de la création.
J’ai aussi pris l’engagement d’envoyer une première version à une amie rélectrice à une date donnée, ce qui m’a forcé de clarifier la structure et de finaliser les choix artistiques.
Tout au long de ma relecture, j’ai hésité entre l’emploi du “tu” ou du “je”.
En utilisant la deuxième personne j’avais l’impression de renvoyer un côté moralisateur.
En utilisant la première personne, j’avais l’impression d’être égocentrée.
J’ai fini par faire un choix mais je vous laisse la surprise :)
Étape 5. Premiers retours
Les premiers retours des bta-lecteurs confirment que le livre ne laisse pas indifférent et suscite des émotions, ce qui en soit est une immense victoire.
Il ne fait pas l’unanimité pour autant, dans le sens où ma démarche n’est pas toujours comprise.
J’ai bien entendu eu le droit au fameux :
“ à quoi ça sert d’écrire de la poésie, c’est un genre qui ne se vend pas”
Étonnamment, je l’ai pris avec un grand détachement, en ne cherchant ni à convaincre ni à me justifier.
Vous savez tout sur mon processus créatif ! Les prochaines étapes sont : finaliser la mise en forme (ajouter des illustrations ?), le publier et choisir le mode de commercialisation et de promotion (Ulule or not Ulule ?)
Sinon, qu’est-ce que vous pouvez en retirer ?
Leçon 1. La passion compte plus que tout pour réaliser des projets créatifs
J’aurais pu consacrer ces heures (que je n’ai bien sûr pas mesurées) à une activité plus “utile”, plus “rentable” et plus “socialement valorisée” pour développer mon business, mais c’était plus fort que moi, je devais écrire ce livre.
C’était de l’ordre du besoin incontrôlable et complètement irrationnel.
Si vous êtes dans cette situation, acceptez de vivre intensément en mode YOLO.
Leçon 2. L’écriture est un moyen de prendre conscience de ses blocages émotionnels et de s’en libérer
Écrire permet de lever des blocages personnels.
Je me rends compte que je peux désormais exprimer plus facilement mes émotions (mes doutes, mes angoisses, mes peurs, mes blessures, mes victoires, mes fiertés) et cela change considérablement mes relations personnelles, professionnelles et ma façon d’écrire.
Si vous n’arrivez pas à exprimer ce que vous ressentez à l’oral, essayez de les écrire ou de les dessiner !
Leçon 3. On ne contrôle pas le processus créatif mais on peut poser ses intentions à l’aide d’un cadre soutenant
Quand on mène ce type de projet, vouloir raisonner en mode “gestionnaire” est totalement désuet.
Pour autant, pour avancer et faire face à cette terrible résistance de se mettre à écrire des choses qui vont nous replonger dans des émotions intenses, plusieurs ingrédients sont indispensables :
- poser ses intentions : je savais que j’écrirais mon deuxième recueil cette année
- adopter une structure flexible : j’avais prévu d’écrire des poèmes toutes les semaines,
- se fixer des échelons est essentiel : j’avais prévu de faire relire ce recueil fin mars (bon j’ai pris du retard)
Vous n’avez pas besoin d’un GPS, la vieille carte routière suffit même si elle n’indique pas les autoroutes.
Leçon 4. Il y a des choix qui s’imposent à vous grâce à l’écriture
L’écriture m’a permis de réaliser l’importance de l’écriture automatique dans mon processus d’écriture et du journaling dans mon activité. Aussi, j’ai clarifié que ces outils allaient devenir des piliers essentiels de mes accompagnements.
Si vous ne savez pas ce que c’est et que vous êtes curieux, rendez-vous à mon prochain atelier !
Quoi qu’il en soit, je ne peux que vous encourager à écrire de la non-fiction.
Si vous avez des questions, n’hésitez pas à me les envoyer !