Pourquoi réconcilier la tension entre le créateur et l’entrepreneur ?
Il existe une tension entre le créateur et l’entrepreneur.
L’objectif premier du créateur est de s’exprimer et d’explorer à travers ses créations.
Le rêve des créateurs est de toucher les gens, d’être reconnus et de laisser une œuvre.
Le but de l'entrepreneur
L’entrepreneur cherche à développer des actifs pour générer des profits.
Le rêve de l’entrepreneur est de se retirer du système et de continuer à générer du cash.
Il peut chercher l’impact, mais les profits sont à la base de son action.
Pas de profit, pas de business.
Aussi, certains entrepreneurs ne vont pas hésiter à changer fondamentalement leur message pour s’adapter au marché et à leur objectif de rentabilité.
Le meilleur exemple, ce sont les serials entrepreneurs. Ce qu’ils aiment c’est le défi de développer un business peu importe le sujet et peu importe le médium. Aujourd’hui, les saucisses sans viande, demain les Chabichou du Poitou. 😍
Le but du créateur
Le créateur crée parce qu’il ne peut pas vivre autrement.
Il ne va pas changer fondamentalement son message ni son médium pour l’adapter à une demande.
Par contre, il peut modifier la façon de présenter son message et son offre (= son marketing).
Ceci étant dit, l’idée n’est pas d'opposer les deux et de dire que le créateur est une blanche colombe et l’entrepreneur le vilain de l’histoire.
Le piège dans lequel on tombe souvent (moi la première) est de s’enfermer dans une identité :
- “je ne me considère pas comme une entrepreneure, je suis une indépendante / freelance / artisan”,
- “je ne me considère pas comme un créateur, je suis une entrepreneure”.
Ces croyances identitaires sont souvent source d’aveuglement et réduisent le champ des possibles.
La réalité est plus complexe.
J’ai longtemps hésité à séparer ces deux facettes de mon activité, ne sachant pas trop comment les faire cohabiter. Et pour être honnête, je me pose encore la question parfois.
Réconcilier ces 2 polarités
Ce qui m’aide est de m’inspirer des femmes artistes qui concilient les deux.
Par exemple l’auteur-compositeur et interprète Rosalia.
Pour ceux qui n’ont pas suivi son parcours, Rosalia est originaire d’un petit village catalan.
En parallèle de ses études de musique, elle chante dans tous les bars, les mariages et les fêtes d’anniversaire qui recherchent une chanteuse de flamenco.
Loin de renier ses débuts, Rosalia répète fièrement lors des interviews que ses concerts ont été sa meilleure école pour apprendre à capter l’attention et à se connecter à l’énergie de son public.
Ceux qui connaissent l’Espagne savent que s’imposer à une fête rassemblant des espagnols et de l’alcool n’est pas des plus facile.
Surtout quand on est une femme.
Quoi qu’il en soit, cette expérience lui a permis de rassembler des économies qu’elle n’a pas hésité à investir intégralement.
Ou comment prendre son art très au sérieux.
À la fin de ses études, elle s’enferme un an dans sa chambre avec son PC et avance les frais pour produire son disque “el mal querer" qui la propulsera sur le devant de la scène espagnole puis internationale.
Cet état d’esprit reflète parfaitement l’adage : “délivre comme un créateur, vend comme une entrepreneure”.
Une entrepreneure qui décide de s’affranchir des intermédiaires, d’inverser le pouvoir de force et de reprendre le pouvoir.
Pour info, une chanteuse qui écrit et produit son album elle-même reste propriétaire de sa musique et conserve les droits de diffusion et donc la manne financière qui va avec.
Internet et les réseaux sociaux ont plein de défauts.
Mais grâce à ces outils, les créateurs ont une opportunité de rebattre les cartes du jeu pour et de capter l’essentiel de la valeur ajoutée.
Mais pour cela, il est nécessaire de faire cohabiter l’identité de créateur et celle d’entrepreneur.
Ce n’est pas toujours facile car les sentiers sont encore peu explorés. Mais personnellement, j’ai toujours eu le goût de l’aventure.
Et puis, qu’y a-t-il de plus exaltant que d’écrire sa propre histoire ?